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« Civilisation », le retour fracassant d’Orelsan

Civilisation

Vendredi 19 novembre, si le monde entier frémissait à l’écoute du dernier album de la chanteuse pop britannique Adèle, « 30 », en France, c’est un rappeur français qui pourrait bien lui avoir ravi la vedette. Avec la sortie de son nouvel album « Civilisation », Orelsan est aujourd’hui l’artiste qui fait parler sur les réseaux sociaux et dans les médias, deux jours après la sortie de son clip choc « L’odeur de l’essence » qui cumule déjà plus de 4 millions de vues.

« L’odeur de l’essence », un clip coup de poing

Mercredi 17 novembre, le rappeur français Orelsan dévoilait sur YouTube le clip de « L’odeur de l’essence, » premier single extrait de son nouvel album « Civilisation ». Un clip fort où l’artiste nous interroge sur l’état de la société, mêlant pèle mêle, crise des gilets jaunes, tentations extrémistes, folie du consumérisme, accroissement des inégalités et crise écologique. L’artiste fait un constat amer sur l’état de notre société et de la France en particulier.  Et l’humour que l’on retrouve habituellement dans ses morceaux, c’est ici volatilisé, montrant un Orelsan plus dénonciateur et engagé, comme pour donner plus de poids à ses idéaux et à ses idées. Au fur et à mesure que le morceau se déroule, le rythme s’accélère jusqu’au crash final. Après avoir vu le clip, on sort comme sonné et plusieurs écoutes sont nécessaires, pour mesurer le sens des paroles, tant le rythme est soutenu et tant le morceau regorge d’idées. Il est probable que l’artiste divisera, mais « L’odeur de l’essence » donne véritablement le ton de l’album « Civilisation », un album au plan marketing minutieusement étudié.

« Civilisation », un succès soutenu par un plan marketing redoutable

Fin octobre, Orelsan lançait les préventes de son nouvel album « Civilisation » prévu pour une sortie le 19 novembre. Mais au lieu de proposer un simple album assorti de quelques visuels, ou agrémentés en bonus d’un tee-shirt ou encore une version Vynil, c’est 15 éditions collector au format CD, correspondant au nombre de titres de l’opus, que l’artiste lançait, avec pour chaque édition, un design CD différent. De plus, pour rendre ces versions encore plus désirables, le rappeur décidait de les proposer en un nombre limité d’exemplaires, allant de 500 à 30 000. Une bonne idée puisque les éditions s’arracheront comme des petits pains et permettront à l’album d’être disque d’or, bien avant sa disponibilité. Bien avant le lancement, 50 000 exemplaires avaient déjà trouvé acquéreur. Depuis, il n’est pas rare de retrouver sur les sites d’enchères les versions les plus limitées, avec des tarifs pouvant dépasser les 1500 euros.

A noter que la date du 19 novembre pour une sortie ne semble visiblement pas avoir été choisie au hasard, puisqu’il s’agit de la date butoir pour pouvoir concourir aux prochaines victoires de la musique.

Avec en plus la sortie courant octobre de « Montre jamais ça à personne » sur Amazon Prime, un docu en 6 parties, filmé par son frère Clément, on mesure combien la sortie de cet album a été faite dans le cadre d’une campagne marketing exemplaire, taillée pour faire le buzz et faire parler de l’artiste tout au long de cet automne. Pari réussi, puisque rapidement après l’ouverture de la billetterie pour ses concerts du premier semestre 2022, qui auront lieu un peu partout en France, l’artiste affichait « sold-out ». Rien que pour Paris, les billets pour ses concerts à l’Accor Hôtel Arena, avec 4 dates prévues initialement (du 16 au 19 mars 2022), avant qu’une 5ème ne soit ajoutée plus récemment (le 15 mars 2022), trouvaient preneur en un rien de temps. Et tout cela, avant même qu’un seul titre ne soit dévoilé.

« Civilisation », l’album d’un artiste fidèle à lui-même

Depuis le 19 novembre, l’album « Civilisation » est disponible dans les bacs et sur les plateformes musicales de streaming. Cet album qui a bénéficié du concours de Skread, collaborateur fidèle, mélange sujets personnels qui touchent l’artiste, regard sur sa vie, et dénonciation de ce qui ne va pas dans notre société, et distille quelques notes d’espoir, car tout n’est pas perdu. Dans cet album, Orelsan n’oublie pas non plus le temps d’un morceau son pote Gringe, qu’il invite à s’exprimer dans le cadre de ce qui les a rendus célèbres, le duo des Casseur Flowter.

Avec un contenu riche en 15 titres, il est clair que « Civilisation » n’est pas ce type d’album que l’on n’écoute qu’une fois. Fort en messages et en punchline qui marquent, « Civilisation » nécessite du temps pour être apprécié. Si « Civilisation » devrait plaire aux fans de l’artiste, rien ne dit qu’il touchera le grand public. Dommage ? Pas forcément, car au moins l’artiste reste fidèle à lui-même et évite de tomber dans la facilité dans laquelle se sont enfoncés certains rappeurs, en voulant être trop populaires. Pour autant, si « Civilisation » ne surpasse pas le reste de la discographie de l’artiste, il n’en demeure pas moins un album de très bonne facture.

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